Saint Anselme de Cantorbéry Archevêque, docteur de l'Église (✝ 1109)
Cela faisait quelques années que cette marche d'escalier posait problème. Une planche a été posée dessus en prothèse. Elle renvoyait les contraintes sur les cotés, mais n'était pas complètement satisfaisante. L'état de la marche et de la contre marche (la planche verticale sous jacente) devenaient critiques.
Vue de dessous.
Pour enlever la planche vermoulue de la marche, j'ai commencé à l'attaquer en son milieu avec une mèche à bois.
Mais je n'ai pas eu besoin de la découper. En fait ce dernier traumatisme, les vibrations de la perceuse, a suffit à l'ébranler définitivement. Je n'ai plus eu qu'à la tirer de son emplacement, ainsi que la petite planchette qui la complétait.
On distingue au travers du trou les étagères servant sous l'escalier à poser les chaussures, le cirage, et les chiffons pour icelui.
À gauche, en montant, on voit l'encoche ou tenait la marche. Le bout arrondi me posera quelques problèmes. Il me faudra retailler l'extrémité de la planche, d'abord en opérant un chanfrein à la scie circulaire, puis en l'adoucissant à la serpette. (!)
À droite, la marche reposait sur un replat taillé dans la masse. Si on avait eu une encoche de chaque coté, le montage aurait été très difficile en place. L'artisant avait quand même quelque ruse.
Pour faire des renforts, mieux soutenir la future marche, et solidariser les pièces entre elles, dont particulièrement la contremarche devenue flotante, ce qui n'est pas sa destinée, et au passage renforcer celle du dessous, j'ai taillé deux cale en hêtre, abondament imprégnées à coeur d'huile de lin.
Cette huile va polymériser dans le bois, le rendre plus résistant à l'eau, aux champignons et aux insectes. Elle laisse néanmoins respirer la vapeur d'eau.
C'est un produit économique et naturel utilisé depuis des siècles.
Pour que l'huile pénètre mieux le bois, on la fluidifie en la mélangeant d'ordinaire avec de l'essence de thérébenthine. Je n'en avais pas, Confinement oblige, j'ai utilisé du white spirit. Cela fonctionne aussi, mais c'est moins historique.
La marche est découpée dans un planche de rive de toiture, complétée par un morceau de lame de volet découpé, déligné dit on, puisque c'est dans le sens longitudinal de la planche, celui des fibres, avec la scie circulaire. autrefois je l'aurais fait à la scie égoïne, mais il faut reconnaître que c'était plus fastidieux.
Le résultat est tellement stable et fixe que cela fait bizarre quand on était habitué à l'ancien état de l'escalier.
Vue par en dessous. On peut remarquer les nombreuses cales de renfort.
Le bois des cales est traité à l'huile de lin. À coté j'ai pu voir des bois que j'ai posé au début des années 1990 qui n'ont pas bougé, ne sont pas parasités parce que restés au sec.
La grande majorité des vis est en acier inoxidable.Quelques unes sont en acier au carbone, mais recouvertes d'une protection "bichromatée" , dont j'ai pu vérifier qu'elle résistait plusieurs années sur des montages exposés aux intempéries.
L'ensemble est donc conçu pour durer quelques décennies, ou quelques siècles...
Cette porte, comme beaucoup de boiseries de cette maison est peinte en gris marine sombre. J'ai remarqué cette vielle peinture sur des bois de plusieurs anciennes fermes du quartier. Un ancien m'en a expliqué l'origine. Pendant la seconde guerre mondiale, laplupart des fermes du quartier habritaient des soldats allemands. Les unités stationnées à Hasparren étaient là pour assurer la mise au vert et le repos des cheveaux de la Wehrmacht. Ce n'étaient donc pas des bataillons d'élite de guerrier massacreurs; plutôt des paysans bavarois habitués à soigner les bêtes. Il faut savoir qu'en raison du manque de ressouces en pétrole, l'armée allemande était à 80 % hippomobile, beaucoup plus par exemple que l'armée française en 1940, mais ceci est une autre histoire.
Donc ces paysans bavarois, originaires d'un pays d'élevage valloné, et très très vert, avec de grandes fermes blanches, se sont senti en pays familier. Vivant au milieu de paysans comme eux, ils ont eut à coeur d'aider. Le travail et l'entraide sont des valeurs fortes dans les campagnes. Ils ont donc trouvé le moyen de récupérer de la peinture grise de la kriegsmarine. Comment cette fourniture navale est elle parvenue dans les collines basques est un mystère. Mais je pense que je ne vais pas recouvrir cette peinture, maintenant témoin de l'Histoire, avec quoi que ce soit de moderne.
La porte elle même par ses clous forgés, ses bois taillés avec des instruments tranchants, herminette, hache, ciseau, plane, et autres bisaiguës , date manifestement d'avant la révolution industrielle. Il est visible d'après quelques marques, qu'elle a servie ailleurs, montée différement. Connaissant l'âge de la maison, elle doit dater au moins du XVII° siècle, ou plus...